• Tous les mois, les Archives départementales vous proposent de découvrir un document conservé dans leurs fonds et qui illustre un pan de l'histoire des Côtes-d'Armor. Après des archives liées à l'architecture en 2020, l'année 2021 sera consacrée à la découverte de documents relatifs à l'enseignement.

  • Janvier : l’école normale de Saint-Brieuc, vers 1920

    Salle de classe de l’école normale de Saint-Brieuc, vers 1920 (AD22, fonds Paul Caillebot, 84 Fi 1).
    Salle de classe de l’école normale de Saint-Brieuc, vers 1920 (AD22, fonds Paul Caillebot, 84 Fi 1).

    En 2020, un album photographique représentant le quotidien de l’école normale d’instituteurs de Saint-Brieuc dans les années 1920 entre dans les collections des Archives départementales. Il s’agit d’un don de la petite-fille de Paul Caillebot, ancien étudiant de cette école entre 1917 et 1921. Ces photographies surgies du passé nous font entrer dans le quotidien de cet établissement chargé de former les futurs instituteurs du département.

    L’école normale d’instituteur de Saint-Brieuc est créée en 1831, en même temps que celle de Rennes. Ces créations s’inscrivent dans la politique ambitieuse de développement de l’enseignement primaire en France qui caractérise tout le XIXe siècle. Former de bons instituteurs est un préalable indispensable pour assurer la qualité de l’enseignement prodigué dans les écoles. Pourtant, l’école normale de Saint-Brieuc est supprimée en 1833. La formation des maîtres est alors assurée par l’école normale de Rennes jusqu’en 1852, puis par différents établissements scolaires des Côtes-du-Nord (Saint-Brieuc, Guingamp, Lamballe et Lannion).

    Ce n’est qu’en 1886, que sont définitivement centralisées les écoles normales de filles et de garçons au chef-lieu du département. L’école normale d’instituteurs (dite aussi école normale de garçons) est construite rue Théodule-Ribot à l’ouest de la ville de Saint-Brieuc. La formation des instituteurs y est assurée de 1886 jusqu’à nos jours sauf pendant la Première Guerre mondiale, période durant laquelle les locaux sont réquisitionnés et transformés en hôpital complémentaire.

    Paul Caillebot, le propriétaire de l’album de photographies présenté ici, a suivi ses études à l’école normale de Saint-Brieuc entre 1917 et 1921. Après avoir effectué son service militaire, il est nommé dans la commune de Lanvollon comme stagiaire le 1er janvier 1923, puis à Plélo le 1er avril 1923. Le 1er octobre 1923, il est muté à Plélauff commune dans laquelle il effectuera toute sa carrière jusqu’en 1951. Les photographies de son album nous montrent bien entendu les élèves de l’école attablés à leur pupitre mais aussi participant à diverses activités sportives et artistiques (fanfare, théâtre) qui contribuent à leur formation.

    En 1990, les écoles normales deviennent Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM) puis, en 2013, École Supérieure du Professorat et de l'Éducation (ESPE), et enfin Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation (INSPE). En 2012, le bâtiment de Saint-Brieuc accueille le Centre Départemental de Documentation Pédagogique (CDDP), devenu aujourd’hui le réseau CANOPE.
    En 1990, les écoles normales deviennent Institut Universitaire de Formation des Maîtres (IUFM) pour préparer aux concours et former les enseignants du premier et du second degré. En 2013, l’ IUFM fait place à l’École Supérieure du Professorat et de l'Éducation (ESPE), et enfin, à l’Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation (INSPE) depuis 2019.
    En 2012, le bâtiment de Saint-Brieuc accueille par ailleurs dans l'ancien réfectoire, le Centre Départemental de Documentation Pédagogique (CDDP) devenu aujourd’hui l'atelier du réseau CANOPE.

    Fanfare des élèves de l’école normale de Saint-Brieuc, vers 1920 (AD22, fonds Paul Caillebot, 84 Fi 1).
    Fanfare des élèves de l’école normale de Saint-Brieuc, vers 1920 (AD22, fonds Paul Caillebot, 84 Fi 1).
  • Février : le projet d’école de garçon de Plénée-Jugon, 1899

    Plan de l’école de garçons de Plénée-Jugon par l’architecte Alphonse Jousseaume, 1899. (AD22, 2 O 185/2)
    Plan de l’école de garçons de Plénée-Jugon par l’architecte Alphonse Jousseaume, 1899. (AD22, 2 O 185/2)

    Les Archives départementales possèdent en sous-série 2 O (archives préfectorales relatives à l’administration communale) des dossiers sur la construction et l’entretien des écoles communales.
    En 1881-1882, les lois de Jules Ferry rendent l'instruction primaire obligatoire et l'école publique laïque et gratuite. Dès lors, les projets de construction d'école se multiplient et reflètent l'ambition des communes d'instruire les enfants dans de bonnes conditions.

    Au début du XXe siècle, Plénée-Jugon compte 3 723 habitants et environ 190 élèves âgés de 7 à 13 ans. Ils sont scolarisés dans trois écoles publiques et une école privée. Le document du projet de la Maison-école pour les garçons de la commune, daté du 22 février 1899 et signé par l’architecte Alphonse Jousseaume, présente les plans et l’élévation de l’une des écoles publiques. Ce type d’édifice est caractéristique des plans-modèles des écoles de la Troisième République.

    Au centre du projet d’Alphonse Jousseaume se trouvent des logements s’élevant sur trois niveaux avec cuisine, salle à manger et chambres. De part et d’autre de ce logis central, deux ailes rectangulaires à un seul niveau abritent quatre classes. Celles-ci sont toutes équipées d’une estrade, d’un bureau pour l’instituteur, de bancs, de pupitres et d’un poêle à bois. L’ensemble est complété d’un préau et d’un cellier-bûcher.

    Bien qu'Alphonse Jousseaume soit l’auteur de plusieurs édifices dans le département (la mairie et l’école de la commune de Matignon notamment), c’est finalement l’architecte Carmejeanne de Saint-Brieuc qui se voit confier la construction de l’école des garçons de Plénée-Jugon entre 1906 et 1909. Ce bâtiment, légèrement différent du projet initial, est toujours en activité.

    Consultez le site de l'Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne.

  • Mars : le collège de Saint-Brieuc, 1574

    Nomination du proviseur du collège de Saint-Brieuc, 1574. (AD22, D1)
    Nomination du proviseur du collège de Saint-Brieuc, 1574. (AD22, D1)

    Écrit en latin, ce parchemin date du 26 août 1574. Par cet acte, Nicolas Langelier, évêque de Saint-Brieuc, nomme le proviseur du collège de la ville. Le document est authentifié non seulement par une signature mais aussi par un sceau. Il représente le blason personnel du prélat surmonté des attributs de ses fonctions : la mitre et la crosse. Cette archive est révélatrice de l’importance de l’Église dans l’enseignement sous l’Ancien Régime.

    A l’époque, il n’y a que trois collèges sur le territoire de l’actuel département des Côtes-d’Armor : Saint-Brieuc, Tréguier et Dinan. Si les bâtiments sont initialement à la charge des communes, la formation est du ressort des autorités ecclésiastiques, ainsi que la nomination du personnel enseignant comme le prouve ce parchemin. L’enseignement fait la part belle au latin, à la religion et aux arts oratoires. Les collégiens (près de 600 à Saint-Brieuc au XVIIe siècle) sont issus de la noblesse, de la bourgeoisie mais aussi de familles aisées du monde agricole. L’instruction qu’ils reçoivent leur permet d’accéder à la prêtrise ou de poursuivre les activités familiales. A la Révolution, le collège de Saint-Brieuc abandonne ses anciens locaux à la gendarmerie (site actuel du musée d’art et d’histoire) et s’installe dans le couvent des cordeliers, l’actuel collège Anatole-Le-Braz.

    Armoiries du collège de Saint-Brieuc sur une affiche d'examen (détail). 1755 (AD22, D 1)
    Armoiries du collège de Saint-Brieuc sur une affiche d'examen (détail). 1755 (AD22, D 1)

    > Pour plus d’information sur l’histoire des collèges, découvrez notre publication sur le sujet.

  • Avril : le lycée Anatole-Le-Braz à Saint-Brieuc, 1904

    Vue cavalière du lycée Anatole Le Braz à Saint-Brieuc par Léon Brandt, professeur de dessin en 1904 (AD22, 1 T 1116)
    Vue cavalière du lycée Anatole Le Braz à Saint-Brieuc par Léon Brandt, professeur de dessin en 1904 (AD22, 1 T 1116)

    Ce dessin a été réalisé en 1904 par Léon Brandt, un professeur de dessin au lycée de Saint-Brieuc. Publié au dos d’une brochure de présentation de l’établissement destinée aux parents d’élèves, il donne du lieu une vision très agréable. Les différentes cours de récréation arborées sont autant d’espaces aérés propices aux jeux des élèves. Cette vue cavalière met également bien en évidence l’ancienneté des bâtiments. Le lycée occupe en effet les murs d’un ancien couvent de cordeliers.

    Dès 1799, le site accueille l’École centrale de Saint-Brieuc. Supprimée par Napoléon Bonaparte le 1er mai 1802, elle est convertie en école secondaire communale en 1803 puis en collège communal en 1811. L’établissement devient lycée en 1852 et accueille les élèves de la 6e à la terminale. La brochure dans laquelle est publié le dessin indique également qu’il existe des classes élémentaires permettant ainsi aux enfants de suivre l’ensemble de leur scolarité dans le même établissement.

    En 1929, le lycée prend le nom d’Anatole Le Braz pour honorer la mémoire de l’écrivain qui y a été scolarisé entre 1871 et 1878. Enfin, le lycée devient définitivement le « collège Anatole-Le-Braz » en 1967.
    Si l’on compare la vue cavalière de Léon Brandt avec une vue aérienne actuelle, l’établissement a finalement peu changé. La chapelle, le bâtiment occupé aujourd’hui par la bibliothèque municipale et enfin le cloître, formant la première cour, sont toujours présents. En revanche, les alentours ont été largement remaniés, les espaces bétonnés prenant le dessus sur les espaces verts.

  • Mai : le cahier d’anglais de Marie-Paule Salonne, vers 1916

    Cahier d’anglais illustré par Marie-Paule Salonne, vers 1916 (AD22, fonds Salonne, 159 J 90).
    Cahier d’anglais illustré par Marie-Paule Salonne, vers 1916 (AD22, fonds Salonne, 159 J 90).

    Ce cahier de poésie est illustré vers 1916 par une jeune fille d’environ 13 ou 14 ans, Marie-Paule Salonne. Née le 12 février 1902 à Morlaix, elle passe son enfance avec sa sœur cadette Louise à Plancoët où son père s’est établit comme notaire. Leur mère, Marie Le Gac-Salonne, l’une des premières féministes du département, leurs fera l’école à la maison pendant le début de leur scolarité. Les deux filles suivront ensuite un cursus scolaire classique au collège et au lycée.

    Bercée par une éducation laissant une large part aux activités créatrices et intellectuelles, Marie-Paule Salonne développe de nombreux talents, comme le montrent notamment les dessins illustrant son cahier d’anglais présenté ici. Alors que sa sœur, après avoir suivi des études aux Beaux Arts de Rennes et de Paris, devient artiste-plasticienne (peinture et gravure sur bois) puis professeure de dessin à Saint-Brieuc, Marie-Paule s’oriente vers une carrière d’écrivaine et de poétesse. Dès l’âge de 18 ans, elle publie des poèmes dans La Pensée Bretonne ainsi que son premier recueil de poésie À l’école des papillons. Elle sera aussi journaliste pour plusieurs revues dont La Bretagne Touristique. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages dont certains sont primés.

    Après sa mort en 1947 à Plancoët à l’âge de 45 ans, Marie-Paule Salonne connaît une certaine postérité. Son nom est donné à une rue de Saint-Brieuc, une rue de Saint-Lormel, une allée de Quimper et au centre culturel de Plancoët. Son nom est également donné à la rue où se trouve sa maison familiale, à Plancoët, sur laquelle est apposée une plaque à sa mémoire : « Marie-Paule Salonne, écrivain breton, a vécu ici toute sa vie 1902-1947, " reste, ô mon horizon, les toits de mon village " ».

    >> Pour en savoir plus :

    - Elles ! Histoire et portraits de femmes en Côtes-d’Armor, dossier réalisé par les Archives départementales

    - LE BOULANGER (Isabelle), À l’origine du féminisme en Bretagne, Marie Le Gac-Salonne, PUR, 2017

    - Fonds Salonne (1701-2000) : archives familiales et professionnelles des membres de la famille Salonne conservées par les Archives départementales des Côtes-d’Armor (159 J).

  • Juin : l’école d’enseignement ménager agricole de la Villa Rohannec’h à Saint-Brieuc, vers 1950-1960.

    Cours de couture à l’école d’enseignement ménager agricole de la Villa Rohannec’h à Saint-Brieuc, vers 1950-1960. (Ad22, 72 Fi 9/41).
    Cours de couture à l’école d’enseignement ménager agricole de la Villa Rohannec’h à Saint-Brieuc, vers 1950-1960. (Ad22, 72 Fi 9/41).

    Surplombant la vallée du Légué, le domaine de la villa Rohannec’h, aujourd’hui site culturel du département des Côtes-d’Armor, se trouve à l’est du centre-ville de Saint-Brieuc dans le quartier Saint-Michel. Les Archives départementales possèdent plusieurs fonds relatifs au domaine de Rohannec’h qui permettent d’en reconstituer l’histoire.

    En 1946, le département, nouvellement propriétaire du site, met celui-ci à la disposition du ministère de l’Agriculture pour une durée de 30 ans. Des travaux d’aménagement et de rénovation  sont confiés à l’architecte départemental Jean Fauny afin de transformer le lieu en école d’enseignement ménager agricole pour jeunes filles. L’école et son internat sont inaugurés à la rentrée scolaire de l’année 1947. Les jeune élèves, souvent issues de familles d’agriculteurs, sont initiées aux travaux ménagers tels que le nettoyage, le repassage, la couture, la cuisine mais aussi aux tâches liées à l’agriculture (laiterie, porcherie, clapier...).

    Les lois de 1961 et 1962 sur l’orientation agricole entraînent une évolution de l’école qui devient le 15 septembre 1969 un Collège Agricole Féminin (CAF) puis en 1979, un Lycée d’Enseignement Professionnel Agricole (LEPA). En 1985, le lycée s’étend géographiquement avec l’atelier pédagogique avicole de Ploufragan et permet la préparation du Brevet d’Enseignement Professionnel Agricole (BEPA) Agriculture-élévage.

    Après une fusion administrative en 1991, les élèves du Centre de Formation Professionnelle Agricole pour les jeunes de Quintin-Plouvara rejoignent en 1992 le lycée de Rohannec’h. Mais en raison de la vétusté des locaux, celui-ci ferme définitivement en 1994 et les classes sont transférées aux Lycée Professionnel Jean-Moulin de Saint-Brieuc.

    Depuis 2010, le domaine a rouvert ses portes pour devenir un site d’animations culturelles mais aussi un lieu de promenade permettant de rallier le centre-ville de Saint-Brieuc au port du Légué tout en appréciant la beauté du panorama et du paysage.

    Les clapiers de l’école d’enseignement ménager agricole de la Villa Rohannec’h à Saint-Brieuc, vers 1950-1960. (Ad22, 72 Fi 9/32).
    Les clapiers de l’école d’enseignement ménager agricole de la Villa Rohannec’h à Saint-Brieuc, vers 1950-1960. (Ad22, 72 Fi 9/32).
    • Quelques dates :

    - 1900-1905 : le vicomte Alain Le Gualès de Mézaubran fait construire la villa par l’architecte Charles de Carmejeanne.
    - 1939 : achat du domaine par la famille de négociant briochin Pincemin.
    - Pendant la Deuxième Guerre mondiale : occupation de la villa par les Allemands puis par les Américains.
    - 1946 : acquisition du domaine par le Département.
    - 1947-1994 : établissement d’enseignement agricole.
    - 2010 : création d’un site culturel.

    • Fonds d’archives :

    - 1069 W : Lycée professionnel agricole de Rohannec’h. - Administration du lycée, élèves enseignements, vie scolaire (1946-1987).
    - 1211 W : Centre de Formation Professionnelle Agricole pour Jeune de Quintin- Plouvara. - Programmes scolaires, bulletins, dossiers d’élèves (1943-1992).
    - 1621 W : Conseil général, direction de la culture. - Fonds de l’établissement d’enseignement agricole de Rohannec’h (1957-1994).
    - 72 Fi : Photographies de l’École d’enseignement agricole de Rohannec’h.
    - 142 J : Fonds privé de l’architecte départemental Jean Fauny. - 142 J 95 Dossier de rénovation de la villa Rohannec’h (1946-1947). 142 J 210/15 Plans du projet.

    • Pour plus d’informations :

    Site internet des Archives départementales : série W - État des versements
    Site internet de la villa Rohannec’h
    Journal Ouest-France : article du 27 mai 2021

  • Juillet : dictionnaire de la langue bretonne, 1752

    Dictionnaire de la langue bretonne par dom Louis Le Pelletier, Paris, François Delaguette éditeur, 1752 (page de titre, plat de la reliure, définition du mot « scôl »). (AD22 14 Bi 222).
    Dictionnaire de la langue bretonne par dom Louis Le Pelletier, Paris, François Delaguette éditeur, 1752 (page de titre, plat de la reliure, définition du mot « scôl »). (AD22 14 Bi 222).

    Parallèlement aux documents d’archives, les Archives départementales conservent de nombreux livres dont les plus précieux sont regroupés dans le « fonds ancien » composé d’environ un millier d’ouvrages. D’une très grande richesse, ce fonds permet d’appréhender le livre en tant que porteur de savoir notamment sur l’histoire et la culture bretonne. De plus, grâce aux reliures dites de luxe, aux dorures, et aux marques de provenance le lecteur peut apprécier le livre en tant que véritable objet d’art.

    L’ouvrage présenté ici en est un bon exemple. Il s’agit d’un dictionnaire de la langue bretonne écrit en 1716 et imprimé en 1752. Son titre complet, Dictionnaire de la Langue Bretonne, où l'on voit son antiquité, son affinité avec les anciennes langues, l'explication de plusieurs passages de l'Écriture Sainte, et des auteurs profanes, avec l'étymologie de plusieurs mots des autres langues donne une vision générale du contenu de l’écrit. L’auteur, Dom Louis Le Pelletier (1663 Le Mans-1733 Landévennec), est un prêtre bénédictin de la congrégation de Saint-Maur. Devenu religieux dans la ville de Saumur, il passe la plus grande partie de sa vie en Bretagne. Très doué pour l’étude des langues, il s’intéresse particulièrement au breton. Il écrit ainsi deux ouvrages sur la langue bretonne. Le premier : Dictionnaire étymologique de la langue bretonne est un manuscrit publié en 1701. Le volume contient des informations sur l’étymologie et la grammaire bretonne mais également sur la vie de Saint Gwenolé premier abbé de Landévennec [en breton et français]; le dialogue entre Arthur roy des Bretons et Guinglaff [en breton et français]. Le second est l’ouvrage qui fait l’objet de cet article.

    L’exemplaire que possède les Archives départementales des Côtes-d’Armor est issu de l’ancienne collection de livres du chanoine Christophe-Michel Ruffelet (1725-1806) dont on peut reconnaître l’ex libris (marque de possession) sous forme d’étiquette au contre plat (c’est-à-dire la page intérieure de la couverture) : « bibliothèque du séminaire de Saint Brieuc R.[uffelet] ». L’ouvrage est relié en veau marbré et doré aux armes de la duchesse Anne : « Parti d’azur à trois fleurs de lys et d’hermines ». Sur la première page, se trouve une gravure signée F Ertinger. Il pourrait s’agir du graveur à l’eau forte François ou Frantz Ertinger (1640-1710). Cet en-tête est souvent utilisé pour les ouvrages  publiés au XVIIIe siècle en Bretagne. Il représente la puissance de la province bretonne par la mise en avant de ses armoiries soutenues par deux grands lions symbolisant le pouvoir et surmonté d’un heaume dont le cimier est un lion assis. L’ensemble s’insère dans un décor militaire composé de multiples objets comme un faisceau représentant le pouvoir (des bannières), la marine (ancre) et les arts de la guerre (des armes).

     Dictionnaire de la langue bretonne par dom Louis Le Pelletier, Paris, François Delaguette éditeur, 1752. (en-tête de la première page). (AD22 14 Bi 222).
    Dictionnaire de la langue bretonne par dom Louis Le Pelletier, Paris, François Delaguette éditeur, 1752. (en-tête de la première page). (AD22 14 Bi 222).

    Pour en savoir plus :

  • Août : l’ancienne école d’hydrographie de Paimpol

    L’École d’hydrographie de Paimpol, carte postale vers 1925 (16 Fi 2683)
    L’École d’hydrographie de Paimpol, carte postale vers 1925 (16 Fi 2683)

    L’ancienne école d’hydrographie, dont les bâtiments abritent aujourd’hui le centre nautique nommé « Les Glénans », se situe promenade Charles-Pace à Paimpol. Elle avait vocation à former ses élèves à la navigation maritime.

    Sous l’Ancien Régime, la toute première école d’hydrographie est située à Saint-Pol-de Léon. Elle  déménage ensuite à Tréguier pendant la Révolution. Le 7 août 1825, par ordonnance royale, elle est transférée à Paimpol et devient l’une des 44 écoles d’hydrographie autorisées par le gouvernement en France. L’école aurait ouvert ses portes rue de l’Yser, avant de déménager en plusieurs endroits de la ville et de s’installer en 1923 dans de nouveaux locaux spécialement dédiés situés sur le vieux port.

    Édifiée entre 1921 et 1924 par l’architecte briochin Léon Cosson et l’entrepreneur Yves Offret de Ploumagoar, l’école nationale de navigation maritime est conçue selon un plan en équerre dont l’angle est formé par le quai et la digue du champ de foire. S’élevant sur trois niveaux, l’établissement se compose de trois vastes classes pour les cours, d’un pavillon avec des salles et des bureaux pour le directeur, les professeurs et le secrétariat et d’un logement pour le gardien. À l’origine, une galerie couverte, bien visible sur la carte postale, permettait de relier le pavillon et les classes aux toilettes. Celle-ci, aujourd’hui supprimée, servait aussi aux observations météorologiques des élèves et professeurs. En 1930, en raison du nombre croissant des élèves, le conseil municipal vote la construction d’une extension pour une classe ainsi que l’aménagement d’un logement de fonction dans la partie supérieure du bâtiment. À la fin des années trente, plusieurs tableaux représentant des scènes maritimes viennent agrémenter l’ensemble. Ils sont aujourd’hui visibles au musée de la mer de Paimpol.

    L’école d’hydrographie forme dans ces locaux de nombreux élèves, originaires de diverses régions de la France offrant à Paimpol un apport économique non négligeable. On y enseigne essentiellement les disciplines liées aux mathématiques mais aussi la connaissance des astres pour savoir se situer, de la géographie, de la météorologie et du dessin. À partir des années 1870, en lien avec la modernisation de la navigation, l’enseignement évolue progressivement et forme de plus en plus de marins de commerce. Dans les années 1960, les écoles d’hydrographie deviennent les écoles nationales de marine marchande.

    En 1962, l’école de Paimpol déménage dans de nouveaux bâtiments situés dans le parc du château de Polgouic, lequel était déjà utilisé pour des logements de fonction des professeurs. Les locaux de l’ancienne école d’hydrographie sont dévolus successivement à un musée puis à un centre de formation nautique.

    Affiche annonçant la construction d’une école d’hydrographie à Paimpol, 1921 (2 O 162/5)
    Affiche annonçant la construction d’une école d’hydrographie à Paimpol, 1921 (2 O 162/5)

    Et après :
    - 1986 : fermeture de l’école nationale de marine marchande de Paimpol
    - 2000 : ouverture dans les mêmes locaux du lycée maritime Pierre-Loti à Paimpol.

    >> Pour en savoir plus :

    • Le site de l’Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne

        l’ancienne école d’hydrographie,
        le lycée professionnel maritime Pierre-Loti

    • Les fonds d’archives

        Archives départementales des Côtes-d’Armor : 2 O 162/5, 9 M 26, 16 Fi 2683
        Archives municipales de Paimpol

    L’École d’hydrographie de Paimpol, carte postale vers 1925 (16 Fi 2683)
    Affiche annonçant la construction d’une école d’hydrographie à Paimpol, 1921 (2 O 162/5)

  • Septembre : les écoles catholiques de Dinan et Saint-Quay Portrieux vers 1900

    École des Cordeliers à Dinan, carte postale, début du XXe siècle (AD22, 16 Fi 742)
    École des Cordeliers à Dinan, carte postale, début du XXe siècle (AD22, 16 Fi 742)

    Ces deux photographies, issues des riches collections mises en ligne sur le site internet des Archives départementales sont de  précieux témoignages du quotidien de l’école autrefois et de l’importance des établissements religieux d’enseignement. L’une d’elle représente la cour de récréation de l’école des Cordeliers à Dinan et l’autre la leçon dans une classe de l’école de la congrégation des Saints-Cœurs de Jésus et de Marie à Saint-Quay-Portrieux.

    À Dinan, la cour de l’Enfant-Jésus se trouve sur le côté nord-est de l’école des Cordeliers. Il s’agit en fait d’un espace dédié à une classe maternelle dirigée par des sœurs. Cette classe est créée au début du XXe siècle, en même temps que la classe préparatoire (équivalent du cours préparatoire aujourd’hui). Déjà très active depuis 1804, l’école primaire des Cordeliers comprenait des classes de différents niveaux à partir de l’âge de 9 ou 10 ans, correspondant au niveau de septième. Puis, au fil du temps, elle s’est équipée de nouvelles classes pour les plus jeunes. Les écoliers pouvaient ensuite poursuivre leur scolarité dans le même établissement qui assurait également l’enseignement secondaire.
    L’école a pris place dans les murs du couvent des Cordeliers, appelés aussi Franciscains, construit de 1247 à 1251. Pendant longtemps et surtout à partir du début du XIXe siècle, cet édifice a joué le rôle de collège ecclésiastique. En 1907, suite à la la loi de la séparation de l’Église et de l’État , les religieux et religieuses sont expulsés. Cependant, l’école des Cordeliers se maintient jusqu’en 1977. Aujourd’hui, l’établissement abrite un collège-lycée privé préservant ainsi la tradition éducative du couvent.

    Situé au centre-ville de Saint-Quay-Portrieux, donnant sur la mer, l’école de la congrégation des Saints-Cœurs de Jésus et de Marie est un grand bâtiment rectangulaire en parti occupé aujourd’hui par le collège Stella Maris. Le couvent et le pensionnat de la congrégation des Saints-Cœurs de Jésus et de Marie ont été construits vers 1827 pour l’instruction des jeunes filles. A partir de 1841, toujours tenu par les sœurs, une partie du bâtiment devient une pension familiale pour touristes, ouvrant ainsi la voie au développement balnéaire de la commune.
    La photographie présentée ici provient de la collection Delépine, constituée de reportages sur des navires militaires ou sur les Presse Bonnes Nouvelles (Paris), de clichés d'images pieuses et de scènes de vies prises principalement à Saint-Quay-Portrieux et dans ses environs vers 1900-1910. Le cadrage de cette prise de vue de la classe est assez original. En effet, à l’inverse des photographies de classe classiques, le photographe s’est placé du côté des élèves. Il offre ainsi une vue sur la leçon de calcul dispensée par une sœur en habit assise à son bureau, sur une estrade. Pendant qu’un élève pose au tableau une opération, d’autres élèves travaillent avec l’aide d’une jeune femme laïque. La classe est équipée du mobilier scolaire habituel de l’époque : tableau noir, cartes géographiques, pupitre avec encrier, calendrier accroché au mur... Les éléments religieux sont aussi présents : icône du Christ, statuette de la Vierge à l’enfant se trouvant dans une niche ornée de fleurs, cierges...
    Comme à Dinan en 1907 les sœurs sont expulsées suite à la loi de séparation des Eglises et de l’État. La collection Delépine présente d’ailleurs des clichés exceptionnels de cet évènement.

    La classe : l’enseignement dispensé par une religieuse de la congrégation des Saints-Cœurs de Jésus et de Marie à Saint-Quay-Portrieux, vers 1904-1907 (AD22, fonds Delépine, 44 Fi 28)
    La classe : l’enseignement dispensé par une religieuse de la congrégation des Saints-Cœurs de Jésus et de Marie à Saint-Quay-Portrieux, vers 1904-1907 (AD22, fonds Delépine, 44 Fi 28)

    > Pour en savoir plus :

    • Sur l’école des Cordeliers :
      - FORTAT (Richard), Les école primaires de Dinan, éd. Monesto, 2019 (blog de l’auteur)
       
    • Sur l’école de Saint-Quay-Portrieux :

       - Site du patrimoine culturel en Bretagne
        - Archives départementales des Côtes-d’Armor, V4243-4245 (expulsion des sœurs la congrégation des Saints-Cœurs de Jésus et de Marie de Saint-Quay-Portrieux)
        - Archives départementales des Côtes-d’Armor, V 4242 (installation de la congrégation des Saints-Cœurs de Jésus et de Marie à Saint-Quay-Portrieux).

  • Octobre : catalogue de mobilier scolaire, fin du XIXe siècle

    Catalogue de mobilier scolaire pour asiles, écoles primaires, lycées, écoles normales, écoles professionnelles, André Cassard 236 rue Championnet à Paris, imprimerie Gonthier-dreyfus, Paris, vers 1885/1890 (AD22, 1 T 53)
    Catalogue de mobilier scolaire pour asiles, écoles primaires, lycées, écoles normales, écoles professionnelles, André Cassard 236 rue Championnet à Paris, imprimerie Gonthier-dreyfus, Paris, vers 1885/1890 (AD22, 1 T 53)

    La fin du XIXe siècle voit en France la multiplication des établissements scolaires grâce, notamment, aux lois de Jules Ferry instituant l’école publique gratuite et l’instruction obligatoire (1881 et 1882). Dès lors, les besoins en mobilier augmentent et de nombreux fabricants mettent au point toute une gamme d’équipements destinés à meubler les salles de classe. C’est le cas de la société André Cassard dont le catalogue de vente est conservé aux Archives départementales des Côtes-d’Armor dans la sous-série 1 T . Le document se compose de 11 planches illustrées proposant 61 articles de mobilier scolaire et quelques éléments de matériel d’enseignement. La page sélectionnée ici présente les illustrations du mobilier scolaire pour « asile et école enfantine », c’est-à-dire les écoles maternelles.

    En France, le mobilier scolaire et le matériel d’enseignement ont longtemps été rudimentaires. Ils évoluent à la fin du XIXe siècle et s’adaptent en prenant en considération le « bien être » de l’élève et du professeur. À cette époque, la France est relativement en retard par rapport à des pays comme les États-Unis, la Suisse et l’Allemagne où des chercheurs ont permis une réelle avancée de l’ergonomie du mobilier scolaire et du matériel d’enseignement.

    De plus, il est souvent question du mobilier solaire c’est-à-dire de meubles, mais rarement du matériel d’enseignement. En effet, il faut attendre la loi du 19 juillet 1889 pour qu’il soit explicitement précisé que « l'acquisition, l'entretien et le renouvellement du matériel d'enseignement des écoles primaires sont à la charge des communes ». Auparavant, l’article 12 de la loi du 28 juin 1833 se limite à mentionner « un local convenablement disposé », plus tard les lois du 15 mars 1850 et du 10 avril 1867 demandent l’installation d’un « mobilier de classe » sans vraiment donner de précisions sur le matériel d’enseignement. Ainsi, le plus souvent les communes les plus pauvres équipent les classes de bureaux-tables avec des bancs pouvant recevoir entre cinq et huit enfants, d’un tableau noir, d’une estrade, d’un bureau pour l’instituteur et d’un poêle.

    Le 18 janvier 1887, est publiée une Instruction spéciale « concernant la construction, le mobilier et le matériel d’enseignement des écoles maternelles et des écoles primaires élémentaires ». Ce texte modifié par le décret du 29 janvier 1890 donne une liste du mobilier nécessaire pour l’instruction des enfants. Ainsi, la classe de maternelle, dite enfantine, doit être équipée de bouliers, comme en propose le catalogue de vente, mais aussi de jouets et images permettant l’apprentissage et bien sûr d’un ou deux tableaux noirs.

    La planche du catalogue André Cassard propose aussi trois types de bureaux différents. Avant le XIXe siècle, les bureaux nommés parfois pupitres des élèves n’existaient pas toujours. La plupart du temps, les enfants s’instruisaient assis par terre en écrivant sur leurs genoux ou en prenant appui sur un petit banc. L’instruction spéciale de 1887 offre deux solutions pour les élèves des classes enfantines : ils peuvent soit s’asseoir sur de petites chaises adaptées à leur taille ou bien s’installer à des bureaux de deux places. Ces derniers sont souvent inclinés, percés pour l’emplacement de l’encrier et creusés d’une rainure permettant de poser la plume.

    Le mobilier scolaire et le matériel d’enseignement des classes élémentaires et les classes des écoles primaires supérieures est également mentionné par la loi de 1889, ajoutant par exemple dans la liste des livres avec le meuble-bibliothèque, les globes terrestres et les cartes de géographie avec le meuble porte-plans. Certains de ces éléments se retrouvent dans le catalogue de André Cassard qui offre ainsi un panel de mobilier pour tous les niveaux scolaires.

    > Pour en savoir plus :
    Articles « Mobilier scolaire » et « matériel d’enseignement », in BUISSON (Ferdinand), Nouveau dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, Paris, Hachette, 1911, consultable en ligne sur le site de l’Institut français de l’éducation.

  • Novembre : épreuves d'évaluation du niveau d'instruction d'Alexandre Le Guilloux (classe 1919)

    Épreuve de dictée réalisée au moment du recrutement militaire par Alexandre Le Guilloux, 1909 (AD22, 1 R 1373)
    Épreuve de dictée réalisée au moment du recrutement militaire par Alexandre Le Guilloux, 1909 (AD22, 1 R 1373)

    Ce document est issu du livret matricule militaire d’un conscrit de la classe 1919, recruté au bureau de Guingamp sous le matricule 1094. Il s’agit d’Alexandre LE GUILLOUX, né le 7 novembre 1889 à Saint-Denis (département de la Seine, aujourd’hui Seine-Saint-Denis) mais résidant à Plougonver (département des Côtes-d’Armor) au moment de son inscription.

    Contrairement aux registres matricules tenus par l’administration militaire, les livrets matricules sont des documents de nature privée qui sont généralement conservés par les familles. Les Archives départementales des Côtes-d’Armor ont le privilège d’en détenir quelques-uns des classes 1856 à 1918 (sous-série 1 R : Préparation militaire et recrutement de l’armée). C’est le cas de celui de notre conscrit, conservé sous la cote 1 R 1373 (Conscrits de la classe 1909 : livrets matricules, états signalétiques, dossiers médicaux, correspondance...).

    Le livret matricule militaire est un document personnel riche en informations. Sont mentionnés : l’état civil complet du militaire (date et lieu de naissance, identité des parents, domicile), son signalement physique (couleur des yeux et des cheveux, taille, cicatrice...) ainsi que son degré d’instruction. Cette dernière information existait déjà dans les listes du tirage au sort à partir de 1845 puis dans les tableaux de recensements cantonaux (jusqu’en 1927). Par ailleurs, le livret matricule détaille de façon précise la carrière militaire du conscrit (service militaire, participation à une guerre, blessures, décorations). Il peut également comporter des documents à caractère médical.
    Concernant celui d’Alexandre LE GUILLOUX, il comprend une fiche matriculaire avec son état civil et sa profession de maréchal-ferrant, le détail des services et positions successives, une fiche d’affectation, une fiche de position et son dossier médical. En fin de livret figure l’épreuve de dictée et de calcul.

    Épreuve de dictée et de calcul réalisée au moment du recrutement militaire par Alexandre Le Guilloux, 1909 (AD22, 1 R 1373)
    Épreuve de dictée et de calcul réalisée au moment du recrutement militaire par Alexandre Le Guilloux, 1909 (AD22, 1 R 1373)

    Ce document présente les deux épreuves subies par le conscrit en vue de l’évaluation de son degré d’instruction, au moment de son recrutement : une dictée d’une dizaine de lignes et une épreuve de calcul correspondant aux quatre opérations courantes (addition, soustraction, multiplication et division).

    Le thème de la dictée se rapporte à la discipline, à l’obéissance absolue du conscrit à ses supérieurs hiérarchiques, au devoir patriotique. Ce court texte frappe par sa tonalité, la force du vocabulaire utilisé pour marquer l’exaltation à l’obéissance et au respect des ordres par les « inférieurs » (terme cité dans la dictée).
    La dictée, d’un niveau assez élevé pour l’époque est rédigée à l’encre noire dans une écriture penchée mais très lisible. Elle comporte onze fautes d’orthographe et quelques ratures. Les fautes ne sont pas signalées, contrairement à l’épreuve de calcul.

    Concernant celle-ci, les résultats de toutes les opérations sont faux comme l’atteste le trait barrant les opérations et la lettre « f » apposée par le correcteur.

    Ces copies, qui ne font pas apparaître de notes, nous interrogent sur le système d’évaluation de l’époque. Elles révèlent chez notre conscrit un « meilleur » niveau en orthographe qu’en calcul même si … « aurait pu mieux faire ! »

    Légende : épreuve de dictée et de calcul réalisée au moment du recrutement militaire par Alexandre Le Guilloux, 1909 (AD22, 1 R 1373)

  • Décembre : l’école communale des Champs-Géraux

    Les écoliers des Champs-Géraux chantent la Marseillaise, 14 juillet 1947 (AD 22, 126 J).
    Les écoliers des Champs-Géraux chantent la Marseillaise, 14 juillet 1947 (AD 22, 126 J).

    Ces deux photographies témoignent de moments simples mais importants de la vie de l’école communale des Champs-Géraux : la fête du 14 juillet 1947 au cours de laquelle les enfants chantent la Marseillaise et le don d’une télévision en 1974 par l’association des parents d’élèves.

    Ces documents sont parvenus jusqu’à nous grâce à Francis Hervy qui en a fait don aux Archives départementales en 1991. Francis Hervy a passé sa carrière aux Champs-Géraux, exerçant les fonctions de directeur d’école (entre 1929 et 1957) et secrétaire de mairie (entre 1934 et 1957) avant d’être élu maire de la commune (de 1945 à 1983). Son épouse, Marcelle Delanoë Hervy était également institutrice à l’école communale. Tout au long de sa vie, Francis Hervy a rassemblé une importante documentation sur sa commune qu’il a souhaité préserver et partager en les offrant aux Archives départementales à la fin de sa vie. Ce fonds privé est composé d’albums photos et de cahiers manuscrits dans lesquels Francis Hervy relate tous les évènements historiques liés à la localité ainsi que les constructions d’édifices publics. Il constitue une source précieuse pour documenter l’histoire des Champs-Géraux, commune créé en 1934 par division de la commune d’Evran.

    Dans ses notes sur l’école publique des Champs-Géraux écrites en 1980, Francis Hervy suppose que l’école publique communale, ouverte dès le 1er décembre 1880, est « fort probablement une des plus anciennes écoles de hameau du pays de Dinan. ». Toutefois, « dès 1936, la municipalité de la jeune commune des Champs-Géraux (..)  envisage l’agrandissement et la modernisation du groupe scolaire existant ». Ainsi, une troisième classe est prévue et on programme de construire une cantine près de la mairie. Un premier projet est présenté en 1937 mais ne voit pas le jour en raison de la Deuxième Guerre mondiale. Le projet est repris en 1952 par l’ingénieur-architecte de Dinan Etienne Lesaux. Le 9 janvier 1966, soit 8 ans après le début des travaux, le groupe scolaire et la mairie sont enfin inaugurés.

    En plus des déboires dus à la construction, l’école des Champs-Géraux est confronté au problème de la diminution des effectifs et donc du risque de fermeture de classe. Ainsi, en 1965, une classe d’enseignement post-scolaire agricole est créée mais elle est très vite fermée en raison de la réforme des collèges qui regroupe ce type d’enseignement avec le collège d’enseignement général. De même, les enfants de l’âge de 11 ans et 12 ans sont orientés au collège d’enseignement général de Plouasne. Enfin, la dépopulation des campagnes participe à la baisse du nombre d’élèves de l’école.

    Comme souvent dans les communes rurales, le maire et l’association des parents d’élèves s’investissent pour sauver leur école : « Pour remédier à cet état des choses, j’envisageai en accord avec l’association des parents d’élèves, de demander l’ouverture d’une classe enfantine qui accepterait les enfants dès l’âge de 4 ans, ce qui constituerait en outre une aide précieuse pour les  mères de familles. […] En 1977, les parents d’élèves demandèrent que les enfants soient acceptés à l’école à partir de deux ans ».

    Si le fonds d’archives donné par Francis Hervy ne représente qu’un volume modeste (0,90 mètres linéaires), il n’en constitue pas moins une ressource importante pour documenter la vie quotidienne d’une commune rurale bretonne au XXe siècle.

    Les parents d’élèves de l’école communale des Champs-Géraux offrent une télévision à l’école, 1974 (AD 22, 126 J).
    Les parents d’élèves de l’école communale des Champs-Géraux offrent une télévision à l’école, 1974 (AD 22, 126 J).

     

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