• Exposition "Doléances 1789, le peuple a la parole"

    Du 20 septembre 2024 au 30 avril 2025, les Archives départementales des Côtes-d’Armor proposent une exposition placée sous le signe des doléances.

    Exposition "Doléances 1789, le peuple a la parole"
    Exposition "Doléances 1789, le peuple a la parole"

    Les cahiers de doléances rédigés au printemps 1789 à la demande du roi Louis XVI en prévision des États généraux figurent parmi les documents phares conservés dans la plupart des services d’Archives départementales. La rédaction de ces cahiers est un moment fondateur de notre histoire durant lequel la parole de la population s’est exprimée aux quatre coins du territoire.

    Cette exposition entend revenir sur cet événement en expliquant comment ces cahiers ont été rédigés et ce qu’ils nous apprennent de la société de la fin du XVIIIe siècle. Son objectif est également de réunir un corpus numérique des cahiers de doléances costarmoricains dont les originaux sont conservés au sein de plusieurs services d’archives bretons, en raison du découpage administratif de l’Ancien Régime. 

    Visiteurs et internautes pourront ainsi consulter facilement le cahier de doléances de leurs paroisse et ainsi inscrire localement ce pan de l’histoire nationale.

  • Une exposition historique à destination du grand public

    Histoire, patrimoine et actualité sont au centre de cette exposition qui entend revenir aux sources des cahiers de doléances de 1789 pour comprendre comment ils ont été rédigés et ce qu’ils nous apprennent de la société de la fin du XVIIIe siècle. Ces archives sont d’autant plus précieuses qu’elles nous donnent à lire la voix du peuple à une époque où seule l’élite laisse des écrits. 

    « La Bretagne divisée en ses neuf eveschés qui font aussi l’estendue des receptes de la généralité de Nantes » (1693). (AD 22, 2 Fi 67)
    « La Bretagne divisée en ses neuf eveschés qui font aussi l’estendue des receptes de la généralité de Nantes » (1693). (AD 22, 2 Fi 67)

    Pour le territoire de l’actuel département des Côtes-d’Armor, ce sont près de 270 cahiers, délibérations ou procès-verbaux produits par les assemblées paroissiales et les communautés de ville au printemps 1789 qui ont pu être identifiés. Leur lieu de conservation dépend de la circonscription administrative à laquelle la paroisse était rattachée sous l’Ancien Régime. Grâce à la collaboration de différents services d’archives bretons, les Archives départementales des Côtes-d’Armor ont réuni l’ensemble des documents dans un corpus numérique. Le chercheur dispose à présent d’un point d’accès unique sur notre site internet pour consulter ces documents qui représentent pour beaucoup de communes l’une des traces les plus anciennes de leurs réunions délibératives.

    L’exposition se décline en trois espaces distincts : La Bretagne au XVIIIe siècle, La campagne des cahiers de doléances, Et après ? L'héritage.

    Les cahiers de doléances revêtent ainsi une valeur non seulement historique mais aussi symbolique. Ils sont les témoins d’un événement à la source de notre démocratie dont les résonances citoyennes font toujours échos dans notre société contemporaine. 

    Une scénographie sur-mesure spécialement conçue par les Archives départementales.

    L’exposition est ouverte du mardi au vendredi de 8h30 à 17h30

    Livret d’accompagnement à la visite et livret-jeux pour les enfants sont à disposition des visiteurs.

    Visites commentées :

    • tous les mercredis à 16h (à partir du 25 septembre)

    • pour les scolaires et les groupes sur réservation (archives@cotesdarmor.fr)

  • Ouvertures exceptionnelles
    Les dimanches 13 octobre, 17 novembre, 8 décembre, de 14h à 18h

  • Un cycle de conférences

    De septembre 2024 au printemps 2025, des conférences permettront d'approfondir les connaissances relatives aux cahiers de doléances.

    • « La Bretagne dans les dernières années de l'Ancien Régime »

    par Philippe Jarnoux, professeur d'histoire moderne (Université de Bretagne Occidentale, Brest)
    Jeudi 3 octobre ❘ 18h

    • « Chanter la Révolution »

    par Youenn Le Prat, directeur de l'Institut de Préparation à l'Administration Générale (Université de Bretagne Occidentale, Brest)
    Jeudi 14 novembre ❘ 18h

    • « Les cahiers de doléances : que demande le peuple ? »

    par Pierre Serna, professeur d'histoire moderne (Université de Paris - Panthéon Sorbonne)
    Mardi 26 novembre ❘ 18h
    Conférence interprétée en langue des signes

    • « La grande bannière de Bringolo »

    par Shantty Turk, doctorante en histoire moderne
    Jeudi 12 décembre ❘ 18h

    • « La révolte des Bonnets rouges »

    par Gauthier Aubert, professeur d'histoire moderne (Université de Rennes 2)
    Jeudi 19 décembre ❘ 18h

    • « Les doléances : une affaire d'hommes ? »

    par Solenn Mabo, maîtresse de conférence en histoire moderne (Université de Rennes 2)
    Mardi 21 janvier 2025 ❘ 18h

    • « Les cahiers de doléances de 2018-2019 »

    Conférence organisée au printemps 2025

    >> Entrée gratuite, réservation conseillée au 02 96 78 78 77

    > Consulter le programme complet des conférences

  • Un volet pédagogique

    Le service éducatif des Archives départementales a conçu un dossier pédagogique pour permettre aux enseignants d’exploiter avec leurs classes les différents volets de l’exposition. Par ailleurs, des visites adaptées au public scolaire peuvent être organisées sur demande.
     

    >> Pour plus d’informations :
    Archives départementales des Côtes-d’Armor – 7 rue François-Merlet - 22000 SAINT-BRIEUC
    Vincent LE GALL, chef du service Publics et Territoires
    Catherine DOLGHIN, médiatrice pédagogique et culturelle du service éducatif
    archives@cotesdarmor.fr – 02.96.78.78.77

  • Les cahiers de doléances accessibles en ligne

    Pour le territoire de l’actuel département des Côtes-d’Armor, ce sont près de 270 cahiers, délibérations ou procès-verbaux produits par les assemblées paroissiales et les communautés de ville au printemps 1789 qui ont pu être identifiés. Grâce à la collaboration de différents services d’archives bretons, les Archives départementales des Côtes-d’Armor ont réuni l’ensemble des documents dans un corpus numérique

    Les cahiers de doléances, riches en témoignages, sont désormais consultables sur le site internet ; un point d’accès unique pour consulter ces documents qui représentent pour beaucoup de communes l’une des traces les plus anciennes de leurs réunions délibératives. Une ressource exceptionnelle pour quiconque souhaite approfondir sa connaissance de cette période de l'histoire de France. 

    > Consulter l'instrument de recherche des cahiers de doléances

  • Une exposition : trois axes de visites

    La Bretagne au XVIIIe siècle

    Carte de la Bretagne de 1693, gravure sur bois de René-Yves Creston représentant le code paysan, le visiteur pénètre dans l’exposition par un espace qui offre les clés de compréhension du sujet. A la veille de la Révolution, la Bretagne est peuplée d'environ 2,2 millions d'habitants dont la grande majorité vit dans les campagnes. 

    Intégrée au royaume de France depuis 1532, la Bretagne est une province placée sous l’autorité du roi, représenté par un gouverneur et un intendant. Parallèlement, elle dispose de deux institutions puissantes : le Parlement, qui siège à Rennes, dont les compétences sont à la fois judiciaires et politiques, et les États de Bretagne, composés des représentants des trois ordres, qui ont plutôt un rôle fiscal. La fin du XVIIIe siècle est marquée par des conflits récurrents et complexes entre le pouvoir royal et les institutions bretonnes, lesquelles tentent de défendre leurs prérogatives et les privilèges dont jouit la province.

    Les conditions de vie de la population paysanne sont rudes. Les aléas climatiques rendent les récoltes incertaines et entraînent régulièrement famines et disettes. Les différentes taxes et charges imposées par le roi et les seigneurs créent un fort mécontentement, qui s’exprime de façon spectaculaire par la révolte des Bonnets rouges en 1675. Le « code paysan » rédigé à cette occasion est un véritable précurseur des cahiers de doléances de 1789.

    Comme dans le reste du royaume, la société est divisée en trois ordres : deux ordres privilégiés (la noblesse et le clergé) et le tiers état, qui représente près de 95 % de la population. Ces catégories juridiques masquent d’importantes disparités au sein de chaque ordre.

    C’est dans ce contexte social et politique mouvementé que, le 8 août 1788, Louis XVI annonce la convocation des État généraux, en préparation desquels des cahiers de doléances doivent être rédigés.


    La campagne des cahiers de doléances

    Face à la crise économique et sociale qui caractérise la fin des années 1780, Louis XVI et son ministre Jacques Necker voient dans la convocation des États généraux le seul moyen d’adopter des réformes et de nouveaux impôts.
    Les États généraux constituent l’assemblée la plus large que puisse consulter le souverain et sont composés de représentants des sujets du royaume répartis selon les trois ordres qui structurent la société :  le clergé, la noblesse et le tiers état. Depuis le Moyen Âge, le roi les convoque épisodiquement lors de périodes de crise, notamment pour consentir aux réformes fiscales. Les derniers en date remontent à 1614, sous la minorité de Louis XIII. Ils sont ensuite tombés en désuétude avec l’affirmation de la monarchie absolue. En 1789, Louis XVI les réunit pour que « des extrémités de son royaume et des habitations les moins connues, chacun fût assuré de faire parvenir jusqu’à [lui] ses voeux et ses réclamations » (règlement pour la convocation des États  généraux à Versailles, 24 janvier 1789). Les États généraux sont l’un des rares moments institutionnalisés où le roi établit un contact direct avec ses sujets. Ils sont l’occasion pour ces derniers de présenter au souverain leurs doléances réunies dans des cahiers.
    En 1789, les Français s’emparent comme jamais de cette parole qu’on leur donne pour exprimer ce qui, à leurs yeux, ne va pas dans le royaume. Mais tous les sujets ne peuvent s’exprimer. Seuls les hommes de plus de 25 ans payant un minimum d’impôt sont invités à se rassembler dans leur paroisse pour mettre par écrit leurs doléances. Au total, près de 60 000 cahiers sont rédigés par environ 5 millions de personnes, soit 70 % des hommes adultes et 19 % de la population totale du royaume. Quant aux membres de la noblesse et du haut clergé breton, ils refusent de répondre à la convocation de Louis XVI, estimant que les institutions de la province suffisent à les représenter.
    En Bretagne comme ailleurs, les doléances du tiers état attestent la colère de la population face au poids des impôts et aux inégalités de tout ordre. C’est bien la structure même de la société qui est remise en cause et une soif d’égalité qui apparaît au fil des pages.


    Et après ? L'héritage

    La campagne des cahiers de doléances de 1789 a permis l’expression de la parole des Français dans un cadre organisé par les autorités politiques. En ce sens, c’est une étape fondatrice dans le processus de  démocratisation du pays. Quel en est l’héritage ? Quelle place a ensuite été donnée à cette parole ? Le mouvement d’espoir suscité par la rédaction des cahiers et la tenue des États généraux en mai 1789 se transforme rapidement en révolution qui balaie les fondements de l’Ancien Régime en quelques semaines. Les députés du tiers état se proclament Assemblée nationale le 17 juin et jurent de doter la France d’une constitution lors du Serment du jeu de paume le 20 juin. La Bastille est prise le 14 juillet, les privilèges sont abolis le 4 août et la déclaration des droits de l’homme et du citoyen est adoptée le 26 août. Bon nombre de doléances exprimées dans les cahiers trouvent leurs réponses dans ces bouleversements politiques et sociaux.
    Les députés, initialement chargés de présenter au roi les doléances des habitants de leurs sénéchaussées, deviennent les représentants de la Nation et décident de travailler à l’élaboration d’une constitution. Par la suite, tous les régimes qui se succèdent jusqu’à nos jours conservent le principe d’une assemblée représentant le peuple. L’expression politique des citoyens se concentre dès lors sur le moment de l’élection des représentants chargés de prendre les décisions en leur nom. La question de savoir qui vote est fondamentale pour déterminer le degré de démocratie du régime.
    Cette démocratie indirecte qui se met progressivement en place interroge sur la place accordée à la parole du peuple en dehors des élections. Il ne s’agit pas ici d’évoquer les mouvements émanant de la population comme les grèves, les manifestations voire les révolutions mais plutôt la postérité directe des cahiers de doléances de 1789. Dans la période contemporaine, les autorités ont ressuscité cet ancien dispositif permettant de consulter directement les Français à deux reprises : en 1945 après la Libération dans un contexte de reconstruction du pays, et en 2018 – 2019 dans la mouvance de la crise des Gilets jaunes.