2023-2024 : Les Archives sortent du bois

Exposition « Les Archives sortent du bois : l’histoire des forêts en Côtes-d’Armor »  - du 22 mars au 10 décembre 2023

A l’occasion de leur réouverture au public après plusieurs mois de travaux, les Archives départementales des Côtes-d’Armor consacrent leur programmation culturelle 2023 à l’histoire des forêts. Expositions, conférences, spectacles : les événements organisés investiront les tout nouveaux espaces dédiés à la valorisation de nos collections. Nous vous proposerons également de partir à la découverte des forêts de notre département grâce à des promenades commentées au cœur des bois. 

Avaugour-Bois Meur, Beauport, Beffou, Boquen, Coat-Malouen, La Hardouinais, La Hunaudaye, Lorge, Loudéac, Quénécan… Si les Côtes-d’Armor ne font pas partie des départements les plus boisés de France, forêts et bois parsèment toutefois son territoire et revêtent une importance particulière dans la vie quotidienne de ses habitants.

Espaces nourriciers nécessaires à la survie des communautés villageoises, réserves de matières premières pour les industries du bois et du feu, terres d’affrontement de différentes autorités, lieux de retraite spirituelle pour les moines des abbayes, camps retranchés de chouans ou de maquisards, les forêts se sont trouvées au fil des siècles au carrefour d’enjeux politiques, économiques, sociaux et environnementaux. Mais les forêts ont aussi été propices à la promenade, à la rêverie et à l’imaginaire. Autant de dimensions qui seront interrogées à la lumière des archives pour mieux comprendre la place de la forêt dans la vie des Costarmoricains d’hier et d’aujourd’hui.

L’exposition propose d’explorer les liens qu’entretiennent les hommes avec la forêt au fil d’un parcours divisé en cinq espaces distincts : Le milieu forestier, De la forêt nourricière à la forêt exploitée, Forêt de pouvoir et d’État, Forêt et société, De la réalité à l’imaginaire. 

De la charte de fondation de l’abbaye de Bon-Repos en 1184 au plan d’aménagement de la forêt de Beffou en 1955 en passant par des lettres, des photographies, des films, des objets et des enregistrements sonores, de nombreux documents sont mobilisés pour mieux nous faire comprendre cette histoire.

Une scénographie évoquant l’univers forestier a été spécialement conçue par l’agence La Volumerie et la graphiste Elsa Baudon pour mettre en valeur les archives.

L’exposition est ouverte du mardi au vendredi de 8h30 à 17h30. 

Livret d’accompagnement à la visite et livret-jeux pour les enfants sont à disposition des visiteurs.
 

L’exposition propose un parcours scénographie présentant l’histoire des forêts à travers la mise en valeur de documents originaux. Elle est accompagnée d’un livret de visite et d’un livret jeux.
Scénographie originale réalisée par l’agence La Volumerie et la graphiste Elsa Baudon.

> Retrouvez une sélection des archives présentées dans l’exposition dans la rubrique « Le document du mois »

De septembre à décembre, des spécialistes viendront nous parler d’un sujet en lien avec les forêts pour approfondir ou compléter le propos de l’exposition.

• « Forêts, des racines et des hommes »

par Hervé Le Bouler, responsable des questions forestières à France nature environnement (FNE)
Jeudi 14 septembre ❘ 18h

• « En quête de pan de bois : une architecture bretonne réinterrogée »

par Fanny Gosselin, chargée d’études au service de l’Inventaire du Patrimoine de la Région Bretagne
Jeudi 23 novembre ❘ 18h

• « Le remembrement en Bretagne »

par Léandre Mandard, agrégé d’histoire, doctorant au Centre d’histoire de Sciences-Po (CHSP)
Jeudi 7 décembre ❘ 18h

> Entrée gratuite, réservation conseillée au 02 96 78 78 77
Les conférences seront interprétées en langue des signes.

• Ateliers calligraphie avec Mélanie Griffon

dimanche 12 novembre ❘ 14h et 16h
Durée 1h30, à partir de 7 ans
(10 personnes maximum par atelier)

• Ateliers nature avec le Centre Forêt Bocage

dimanche 10 décembre ❘ 14h-18h
À partir de 6 ans
(20 personnes maximum par atelier)

Deux ateliers sont proposés par le Centre Forêt Bocage :

• "les animaux de la forêt : leurs empreintes, traces et indices de présence", à 14h et à 16h.
• "la reconnaissance des arbres et des feuilles", à 15h et à 17h.

> Entrée gratuite, réservation conseillée au 02 96 78 78 77

Plusieurs promenades en extérieur permettront d'approfondir vos connaissances sur le bois et les forêts.

• Robien des bois, par Richard Fortat, historien local

Lieu : Archives départementales
mardi 26 septembre
mardi 17 octobre
14h
Durée : 1h30
Réservation : Archives départementales
02 96 78 78 77
(25 personnes maximum)

• Balade d’automne en forêt, par War-dro an Natur

Lieu : forêt d’Avaugour
Bois-Meur (rendez-vous parking de la ferme de Bois-Meur)
dimanche 22 octobre
14h30
Durée : 2h
Réservation : Archives départementales
02 96 78 78 77
(25 personnes maximum)

• Histoires d’arbres et histoires d’hommes, par le Centre forêt Bocage

Lieu : forêt de Beffou (rendez-vous parking du Sentier de Job)
dimanche 5 novembre
10h
Durée : 2h
Réservation : Centre Forêt Bocage 02 96 21 60 20
(25 personnes maximum)

Plusieurs visites des forêts départementales seront organisées en lien avec le service Espaces naturels du Conseil départemental, l’association War-dro an Natur et le Centre Forêt Bocage. Consultez le programme complet.

Par ailleurs, une exposition itinérante sera réalisée et mise à disposition des structures culturelles et des établissements scolaires qui le souhaitent.

Le service éducatif des Archives départementales a conçu un dossier pédagogique pour permettre aux enseignants d’exploiter avec leurs classes les différents volets de l’exposition. Par ailleurs, des visites adaptées au public scolaire peuvent être organisées sur demande.
 

>> Pour plus d’informations :
Archives départementales des Côtes-d’Armor – 7 rue François-Merlet - 22000 SAINT-BRIEUC
Vincent LE GALL, chef du service Publics et Territoires
Catherine DOLGHIN, médiatrice pédagogique et culturelle du service éducatif
archives@cotesdarmor.fr – 02.96.78.78.77

Découvrez l'exposition "Les Archives sortent du bois" déclinée en 5 parties : 

Le visiteur pénètre dans l’exposition par un espace lui donnant les clés de compréhension du sujet : éléments géographiques, historiques, naturels et lexicaux. Des cartes anciennes et contemporaines lui permettent de localiser les forêts dont il sera question dans l’exposition et d’appréhender l’évolution du couvert forestier. La présentation des grandes essences d’arbres composant les forêts costarmoricaines offre la possibilité de rencontrer les acteurs muets de cette histoire.

Après avoir évoqué les données géographiques et arboricoles en introduction, l’exposition s’intéresse aux relations que l’homme entretient avec la forêt vue comme pourvoyeuse de ressources. Dans une économie villageoise, la forêt est avant tout nourricière. Elle offre aux habitants environnant des ressources qui se révèlent parfois indispensables à leur (sur)vie (ramassage de bois de chauffage, pâture du bétail, cueillette de champignons, etc.). Parallèlement à ces pratiques de proximité, la forêt est exploitée pour une utilisation artisanale puis industrielle de ses bois. Elle fournit le matériau nécessaire à la confection d’objets (sabots, outils, mobilier, œuvres d’art), de bâtiments et de navires, mais aussi le bois de feu indispensable au fonctionnement des forges et d’usines pré-industrielles qui s’implantent à proximité des forêts. Ces usages ont donné naissance à une véritable gestion sylvicole destinée à maîtriser l’espace forestier, garantir le nouvellement des ressources ligneuses et ainsi pérenniser les approvisionnements et les revenus afférents.

Un accent particulier sera mis sur le bois en tant que matériaux et les techniques d’étude et de restauration développées pour étudier et protéger les objets patrimoniaux qui en sont constitués.

Face aux enjeux que représentent les ressources forestières, la question de la propriété foncière, de la régulation des ressources et de la réglementation des usages s’est vite posée. Au Moyen-âge et sous l’Ancien Régime, les forêts appartiennent majoritairement aux seigneurs (noblesse, duc puis roi) et à l’Église (abbayes), avant que la Révolution ne rebrasse les cartes et n’ouvre plus largement la forêt à l’État et à la bourgeoisie. Mais si la forêt est principalement privée, la monarchie puis la république se sont évertuées à multiplier les réglementations encadrant l’exploitation des bois. Les documents exposés mettront en valeur l’ancienneté et la continuité de la politique publique en matière d’administration forestière dont l’objectif est de concilier impératifs économiques et préservation des forêts. Mais la mise en place de ce cadre foncier et juridique ne se fait pas sans heurt. Les archives fourmillent de traces de conflits d’usage entre les riverains des forêts qui y voient un espace commun dont ils souhaitent bénéficier, les propriétaires qui entendent contrôler leurs domaines et la puissance publique soucieuse de faire appliquer les réglementations.

Parallèlement à sa dimension nourricière, la forêt est un lieu de vie à part entière investi de différents usages sociaux.

• Un espace de travail. Nombreux sont ceux qui tirent leurs revenus principaux de leur labeur en forêt : bûcherons, gardes forestiers, charbonniers, sabotiers, mineurs, etc. Autant d’hommes et de femmes aux conditions de vie souvent rudes qui constituent le véritable peuple des forêts.
• Un espace religieux. De part son caractère isolé et sauvage, la forêt a très tôt servi de refuge aux ermites puis aux moines soucieux de s’éloigner des hommes pour se rapprocher du divin. De nombreuses abbayes, notamment cisterciennes, se sont ainsi implantées au cœur des forêts bretonnes durant le Moyen-âge (Boquen, Bégard, Bon-Repos, Coatmallouen, Saint-Aubin des-Bois).
• Espace de clandestinité. Pour les mêmes raisons liées à l’isolement, la forêt a pu constituer un lieu de non droit, de clandestinité ou de résistance vis à vis des autorités. Braconniers, bandits de grand chemin, mais aussi chouans ou encore résistants ont fait de la forêt leur cachette ou leur base arrière, en marge des villes et des grands axes de circulation.
• Espace de loisirs. Enfin la forêt revêt de plus en plus une dimension récréative, les activités de loisirs trouvant en forêt un cadre naturel idéal pour se développer : chasse, randonnée pédestre, vélo, cheval et plus récemment parc d’attraction ou accrobranche. Toutes ces activités ne sont pas sans susciter de conflits entre les différents usagers aux attentes parfois contradictoires.

L’exposition s’achève par l’évocation des représentations de la forêt et de ses dimensions symboliques. La forêt est un lieu bien réel, qui marque le territoire et fait partie intégrante de la vie quotidienne de ses riverains. Son emprise symbolique est attestée notamment par les nombreux noms de lieux ou les armoiries qui y font référence. Mais, tout comme la mer, la forêt est pourvoyeuse d’un puissant imaginaire qui lui attribue une dimension ambivalente. Elle peut tour à tour être vue comme un lieu hostile (loups, brigands) voire maléfique ou, au contraire, féerique et porteur d’une dimension sacrée. Beaucoup de contes et légendes prennent pour cadre la forêt, et les vies de saints relatent nombres d’épisodes dans les bois. Cet imaginaire associé à la forêt et la beauté de ces espaces naturels se sont révélés être de puissantes sources d’inspiration pour les artistes.